21 juin 2012

Langage épicène : Parlez vous français-e ?

J’étais l’invitée de ONEFM ce matin pour parler du langage épicène. Voici mon édito :

Je m’adresse à toutes les femmes-grenouilles qui nous écoutent ce matin, à tous les sages-hommes, à toutes les sapeuses-pompières, à tous les esthéticiens. Je m’adresse à Madame la Directrice et à Monsieur le Maire. Je m’adresse à toutes celles et tous ceux dont la profession peut faire glousser, à toutes celles et tous ceux dont le métier fait jaser. Je m’adresse aussi à toutes celles et tous ceux dont on ignore le genre, qu’ils soient patrons, financiers ou médecins, qu’ils soient étudiants, carreleurs ou bucherons.

Bref, je m’adresse à vous toutes et vous tous pour vous rappeler que la langue n’est pas neutre et qu’elle véhicule son lot de clichés et de stéréotypes. Qu’il n’est pas anodin de choisir un terme plutôt qu’un autre et que dire animateur radio ou animatrice radio ne revient pas au même. Bien sûr, on me répondra que le masculin est neutre et qu’il a été choisi pour représenter tous les êtres humains. Mais, alors ne devrait-on pas m’appeler Monsieur ?

C’est pour sensibiliser la population à cette question que la Ville de Genève a décidé cette année de consacrer sa campagne sur le thème de l’égalité au langage épicène. Le langage épicène ? Mais de quoi parle-t-on ? Ce n’est pas un gros mot et bien mieux qu’un grand mot. Ce n’est pas non plus ma dernière lubie, mon dernier dada, ma nouvelle façon de passer le temps, n’en déplaise à mes plus coriaces détracteurs et mes plus fidèles détractrices. Non, le langage épicène n’est rien de moins qu’une autre façon de parler et d’écrire, un langage non sexiste, débarrassé de tout stéréotype et de tous clichés. Avec le langage épicène, la stigmatisation des hommes et des femmes vole en éclat, les rôles et fonctions s’ouvrent à toutes et tous. En clair, c’est la liberté retrouvée de devenir celle et celui que l’on a toujours été.

Bien sûr, comme toutes les avancées en matière d’égalité, le langage épicène divise, défrise, affole. Ca tombe bien, ce soir à 18h30, la Ville de Genève organise un débat sur cette thématique au palais Eynard. Pour évoquer cette nouvelle forme de langage, trois spécialistes du domaine : les linguistes Claire Forel et Stéphanie Pahud et l’écrivaine Thérèse Moreau. Trois femmes donc, et ce n’est pas faute d’avoir sollicité des hommes… Avec elles, nous aurons l’occasion d’y voir un peu plus clair et de nous questionner sur les possibilités et les limites de la langue française. Avis aux amateurs, enfin je voulais dire amateuses, non …. amatrices ! Bref, j’espère vous y voir nombreuses et nombreux !

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6 commentaires sur “ Langage épicène : Parlez vous français-e ? ”

  1. Gilles Champoud dit :

    Madame,
    Je ne me permettrais pas de juger votre culture ou votre inculture, je ne vous connais pas assez personnellement pour me le permettre. Mais en tant que citoyen genevois et contribuable, je suis époustouflé de voir que vous dépensez de l’argent public pour de l’affichage servant à promouvoir le « langage épicène » en raison de votre idéologie alors que la langue française ne doit surtout pas être manipulée par les politiciens. La langue française est réglée uniquement par l’Académie française fondée par Richelieu et seule autorisée à fixer des règles. Et seuls les professeurs de français ont le droit d’enseigner le bon usage du français. Et surtout pas les politiques !!! Cordialement, Gilles Champoud

    • Monsieur,
      Je vous remercie de votre commentaire.
      Nous ne partageons pas le même avis, effectivement.
      Chaque année, la Ville de Genève organise une campagne d’affichage autour de l’égalité entre les hommes et les femmes. Après des thématiques comme la représentation des femmes en politique ou la valorisation du rôle des femmes dans le monde du travail, nous avons décidé de consacrer l’année 2012 au langage épicène. L’idée de cette campagne est de rappeler que la langue n’est pas neutre et qu’elle véhicule son lot de clichés et de stéréotypes. Que choisir par défaut la forme masculine pour désigner tous les êtres humains n’est pas neutre. Et de rappeler qu’une langue non sexiste existe et qu’elle représente un remarquable rempart face aux stéréotypes qui cloisonnent les hommes et les femmes dans des rôles figés et convenus.
      L’idée était donc de lancer le débat. Pas d’imposer par décret un nouveau langage. Le débat a eu lieu, je trouve cela plutôt sain.
      Quant au financement de cette campagne d’affichage, je vous rassure : elle a été prise sur les quotas de gratuité du département des finances et du logement.

  2. Michel Baumann dit :

    Là si dessous, entre guillemet, vous y allez un peu fort, ;-))

    Charte d’utilisation des médias sociaux
    … Nous écoutons et engageons la conversation avec « les habitantes et les habitantes » de la Ville de Genève. Voici les règles que nous vous proposons de respecter pour un dialogue spontané et constructif.

  3. Bob dit :

    Vraiment gros, gros souci de la population…..encore une fois Dame Salerno est bien a l’ecoute de ses administres…

    Franchement il n’y a rien de plus important que ce genre de foutaises ?!

  4. Baptiste Colombara dit :

    Madame, non seulement vos détracteurs vous seront-ils de plus en plus hostiles, mais encore vous créez-vous de nouveaux ennemis. Pour ma part, j’ai toujours considéré les mots professeur, maître et tant d’autres comme des fonctions. Je ne crois pas que puisse aujourd’hui transparaître encore quelque sexisme que ce soit dans l’utilisation du neutre dans ce genre de cas. Outre ceci, j’ai peur que votre démarche ne conduise à une torture de la langue française. Direz-vous maîtresse pour le féminin de maître, médecine pour le féminin de médecin ? Votre prétendue solution me semble créer plus de problèmes qu’elle n’en saura jamais résoudre ; sans compter que, cette langue que vous souhaiter, personne ne la parle : elle n’aura jamais aucune légitimité.

  5. Félicien dit :

    Sauf erreur, on ne parle pas de « sage-homme » mais « d’homme sage-femme », car l’étymologie du mot vient de « sapiens » (« qui a la connaissance » de la femme).

    Bravo sinon :-)