29 nov 2010

L’UDC gagne, mais où sont les moutons?

Tel un rayon de soleil, Genève a percé hier l’épais nuage de fumée xénophobe et isolationniste que l’UDC voulait étaler sur l’ensemble du pays. Je salue la maturité politique des Genevoises et des Genevois. Les électrices et les électeurs de la Ville se sont montré-e-s particulièrement hostiles à l’initiative sur le renvoi des étrangers criminels. Je suis très fière d’être leur Maire.

Malgré ce refus et celui des autres cantons romands, excepté le Valais, ainsi que de Bâle-Ville, l’UDC a gagné. Mais où sont les moutons?

Le centre-droit ne cesse en tout cas depuis des années de courir après l’UDC! Comment leur faire comprendre qu’il est grand temps d’opposer à la vision xénophobe un front républicain uni. Que ce n’est pas en édulcorant les thèses de ce parti qu’on le combattra, au contraire! Qu’à ce jeu c’est la démocratie, les valeurs d’ouverture, de tolérance, d’égalité et de solidarité qui sont mises à mal.

Je suis convaincue que l’initiative de l’UDC aurait eu plus de chances d’être refusée par le peuple, si les radicaux-libéraux et les démocrates-chrétiens avaient eu le courage d’assumer leurs idées et, surtout, de ne pas se faire terroriser par le parti de Christoph Blocher. Avant même d’en arriver là, il auraient dû déclarer cette initiative invalide au lieu d’y opposer un contre-projet, version édulcorée.

Quand comprendront-ils que les électrices et électeurs préfèreront toujours l’original à la copie! Que de courir après l’UDC ne les sert en rien et que leur salut est dans la proposition et la défense d’un modèle de société alternatif, respectueux et valorisant les différences?

Je suis étonnée des commentaires parus ce matin dans la presse. Ils font porter la responsabilité de cet échec à la gauche car elle n’a pas soutenu le contre-projet. Certains analystes lui  reprochent de ne pas avoir usé de considérations tacticiennes.

Miser sur le contre-projet, une option stratégique? J’estime qu’un tel choix était inacceptable tant du point de vue tactique que du point de vue politique. En effet, sur le plan tactique, il a participé à brouiller le message et à empêcher la création d’une coalition opposée à l’UDC. Diviser pour mieux régner, l’UDC y est arrivée.

Du point de vue politique, accepter le contre-projet aurait signifié avaliser le principe même de l’initiative. Or, la politique est avant tout une affaire de principes, plus encore quand on amende notre texte fondamental, la Constitution. En repoussant à chaque coup de semonce de l’UDC les limites de ce que nous considérons comme acceptable, où nous arrêterons-nous? N’avons-nous pas dépassé depuis longtemps les limites de ce qui est démocratiquement acceptable? Je le crois!

Dans ce contexte, la gauche se devait de dénoncer les relents xénophobes de la démarche UDC, la société ségrégationniste qu’elle instaurait. Elle l’a fait avec courage et détermination. Par ailleurs, à quoi bon faire barrage à une dérive populiste et discriminatoire si on se laisse finalement inonder par des flots d’eau sale dans sa propre maison?

Ce dimanche 28 novembre aura été un dimanche noir pour notre démocratie, pour ses valeurs. Le peuple suisse a bafoué l’article 8 de notre Constitution « tous les être humains sont égaux devant la loi » avec l’assentiment des partis du centre droit. Il est grand temps de réagir et de reconquérir le terrain; pas en copiant l’UDC mais en offrant une alternative, une alternative crédible! Les cantons romands et les villes ont montré hier que c’était possible!

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