« Les transports publics sont trop chers ». J’ai été interpellée par cette remarque d’une utilisatrice des médias sociaux de la Mairie. Elle réclame des prix plus bas pour les billets des TPG car elle considère que les transports publics pèsent souvent lourd dans le budget d’une famille ou même d’un simple usager. Je comprends ce constat mais il me semble important d’apporter quelques éléments de réflexion à ce sujet.
Tout d’abord, il est utile de procéder à une comparaison avec d’autres centres urbains suisses. A Genève, le prix du billet unitaire valable une heure coûte 3 francs: il est moins cher qu’à Zurich (4 francs), Berne (3.80.-), Bâle (3.20.-) et Neuchâtel (3.20.-). Lausanne affiche le même tarif que Genève, soit 3 francs. Seul Fribourg est moins cher: 2.70 francs. Hormis Lausanne et Fribourg, les autres villes prévoient une augmentation de leurs tarifs à la toute fin de l’année ou au début de la prochaine. Le Conseil d’Etat genevois va prochainement se prononcer sur cette question. Depuis 2004, les tarifs de la régie genevoise stagnent malgré une progression de l’offre en termes de développement du réseau et d’achat de nouveaux véhicules.
Il faut également rappeler que le financement du réseau des TPG est assuré à 52% par l’argent des contribuables, un taux élevé en comparaison nationale. Le restant 48% est financé par l’achat de billets et abonnements. En février 2008, quelque 67% des votants ont refusé la gratuité des transports publics. Le Souverain a voulu sauvegarder le modèle de financement actuel, dans lequel le prix payé par l’usager joue un rôle fondamental. Mais ce prix est-il juste?
Pour tenter de répondre à cette question, il faut savoir que le plan tarifaire des TPG adopte des mesures sociales favorisant les familles, les juniors et les personnes âgées. Ce qui facilite l’accès des catégories moins aisées aux transports publics. L’abonnement annuel de 650 francs est bien plus attractif que le paiement d’un abonnement mensuel de 70 francs. C’est pourquoi le transfert des abonnements mensuels vers les abonnements annuels s’est singulièrement accentué ces dernières années, provoquant une baisse des rentrées financières.
En 2009, pour la première fois depuis une décennie, les recettes ont ainsi reculé de 0.9% par rapport à 2008 et son restées inférieures de 1.9% au plan financier pluriannuel. Cette baisse intervient alors que l’offre des transports, comme je le mentionnais auparavant, a grandi de 24% entre 2004 et 2009 et la fréquentation des lignes de 46%. Je remercie le service de presse des TPG de m’avoir fourni ces données qui montrent que les prix des billets et des abonnements ne suffisent parfois pas à équilibrer le financement du réseau (couvert à 52% par les subventions publiques).
Alors, « les transports publics sont-ils trop chers »? Je crois qu’on ne peut pas définitivement parvenir à une telle conclusion. De plus, le prix du billet et des abonnements ne sert pas uniquement à financer les transports. Il contribue à développer l’emploi à Genève. Je viens d’apprendre les résultats d’une étude mandatée par les TPG et publiée le 24 juin dernier (elle peut être commandée au 022 308 35 29). Elle établit qu’un emploi dans les TPG (1600 collaborateurs) « génère 3,3 emplois dans la région ». Le rapport note que le prix du billet est aussi créateur de valeur puisque « un franc engagé dans l’entreprise conduit à la création d’une valeur additionnelle de 2,80 francs » au niveau local et national.
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Merci d’abord pour toutes ces précisions auxquelles nous n’avons pas forcément accès.
Je comprends également que les TPG ne peuvent pas travailler à perte ou bien se financer uniquement des deniers publics.
Cependant, nous revenons toujours à la question de comment pousser les consommateurs à délaisser leurs véhicules pour alléger un trafic déjà atrocement surchargé. Je n’ai pas de voiture, mais un scooter. Je suis donc moins victime des embouteillages toujours plus fréquents en ville.
Lorsque vous vous déplacez en voiture, vous êtes dans un environnement privé, au chaud ou au frais, selon. Vous êtes effectivement plus touché par les engorgements de trafic, mais vous êtes chez vous. Donc comment changer des habitudes et ce pour le bien de tous (trafic, qualité de l’air, bruit et autres nuisances comme l’agressivité grandissante des automobilistes)?
Premier frein? Cela va sembler ridicule, mais je vous assure que cela m’a déjà arrêtée en pleine envie de TPG: la monnaie. Je suis au bénéfice d’une demi tarif, mais j’ai rarement 2.20chf sur moi. De plus, les appareils ne rendent pas la monnaie! N’ayant pas de puce Cash, je ne peux pas non plus me simplifier la vie avec ce système. Prendre une carte?… Je n’ai pas de magasin de tabac prêt de chez… et quand j’y pense, il est trop tard.
Deuxième frein: avez-vous déjà essayé de décrypter une machine à ticket? Maintenant, quand je prends un ticket, c’est un automatisme, mais le temps d’apprentissage est long.
Troisième frein: des trams parfois bondés, avec une démultiplication des lignes qui fait qu’un 12 que vous attendiez il y a quelques années 3-4 minutes, vous l’attendez aujourd’hui une moyenne de 12 minutes. On peut difficilement faire place à la spontanéité dans ces cas là, car vous risquez d’arriver en retard à votre rdv si vous avez raté le tram précédent.
Je parle là bien sûr de cette frange de la population active, qui prend sa voiture pour aller travailler alors que cela ne se justifie pas ou très peu. Je parle de faciliter l’accès et le réflexe transports publics.
J’ai passé une semaine au Japon il y a une année et je trouve que beaucoup de pays européens devraient prendre exemple sur le modèle japonais. Des machines très simples, qui rendent la monnaie à une vitesse hallucinante, qui acceptent les billets jusqu’à 100CHF! Des tarifs facilement compréhensibles, même par un étranger ne parlant pas un traitre mot de japonais.
Je donne également l’exemple des CFF qui ont une application iPhone qui me permet d’acheter mon billet directement depuis mon téléphone sans avoir à me préoccuper de trouver un distributeur de billets libre, qui n’est pas en panne ou qui n’accepte pas les cartes… etc.
Mon constat est simple. Je ne crois pas que ce soient forcément les tarifs des TPG qui soient totalement en cause, mais l’accessibilité à un service qui, somme toute, devrait être simple comme un claquement de doigts. Le secret d’un service qui marche est son ergonomie, sa simplicité. Je pense qu’une réflexion profonde sur le fonctionnement des TPG est nécessaire. Ils doivent revoir leur modèle pour créer un nouveau modèle qui ne vous demande pas à devoir réfléchir, mais à agir. Je passe devant une machine ou arrêt et je peux monter dans mon tram sans me poser 1 million de questions.
Et qu’est-ce que ça donne? Moins d’erreurs, moins de réflexion et un accès plus rapide à un service qui permettra d’augmenter la quantité d’utilisateurs donc les bénéfices et donc par conséquent d’améliorer la qualité du service et de l’offre.
Chère MC,
en vous remerciant de votre intervention, permettez-moi de vous dire que je trouve votre analyse très pertinente. Elle illustre de manière complète et argumentée les motifs qui, au-delà des tarifs des billets et des abonnements, « freinent » (je reprends votre terme) l’accès des habitantes et des habitants aux transports publics. Je vous en remercie beaucoup.
Cela dit, je vous informe que, dès l’automne 2010, les TPG vont progressivement déployer 720 nouveaux distributeurs de titres de transports, beaucoup plus simples à l’usage (ils sont grossomodo comparables à ceux utilisés par les CFF) et qui rendent la monnaie! Des prototypes sont déjà en fonction depuis plusieurs mois à Cornavin, Rive et au Bachet-de-Pesay. Ensuite, il faut préciser que, contrairement à votre perception, les fréquences de passage sur le réseau principal (tramways notamment) n’ont cessé de s’améliorer depuis le début des années 2000 et elles vont encore progresser d’ici à 2013. Les TPG prévoient également, d’ici à la fin de cette année, de compléter une application pour l’iPhone (ainsi que pour les autres mobiles, de type Androïde, etc.) avec une information en temps réel, affichant même les minutes effectives du moment de la recherche à l’arrivée des prochains bus ou trams (comme sur les bornes aux arrêts). Le sursaut genevois pour améliorer son réseau de transports publics a été tardif par rapport à d’autres villes ou régions du monde. Mais si les promesses des TPG seront tenues, le système des transports publics genevois va vers de jours meilleurs.
Merci pour votre réponse. Espérons que ces changements prochains feront prendre aux automobilistes conscience du besoin de délaisser la voiture au maximum pour le bien de tous.
Bonjour MC,
Je vous recommande la lecture de la Tribune de Genève du jour (page 21) sur la création de valeur économique générée par les TPG. Dans mon billet sur la cherté des transports publics, j’avais notamment cité le rapport à l’origine de l’article du quotidien. Vous espérez que les automobilistes prennent conscience du « besoin de délaisser leur voiture » au profit des bus et des trams « pour le bien de tous ». J’ajouterais à ce sujet que le passage à la mobilité publique (ou douce) est également très utile d’un point de vue financier. En moyenne, une voiture coûte 37’000 francs, son entretien entre 7’000 et 11’000 francs par an, selon les statistiques du TCS. L’abonnement annuel des TPG coûte, lui, 650 francs… Même si ce tarif sera probablement augmenté l’an prochain (ce que je déplore), il reste très attractif. Bonne journée et à bientôt sur mon blog.
Je suis d’accord avec votre analyse et celle de MCCASAL, mais j’ajouterai à cette dernière que pour opérer un transfert modal efficace, ce n’est pas le prix du billet individuel – ni les facilités de paiement- sur lesquelles il faut travailler, mais sur une fidélisation.
Pour ça, les abonnements doivent être beaucoup plus attractifs:
- 70CHF mensuels, ça veut dire 32 courses 1/2 tarif par mois. Pas très intéressant, à moins d’être un utilisateur quotidien.
- 650CHF annuels, ça fait 55CHF/mois, soit toujours 25 courses 1/2 tarif par mois. Etant donné que peu de gens prennent le bus au quotidien sur 12 mois, ce n’est toujours pas très intéressant.
Est-ce que les TPG ne pourraient pas baisser ces tarifs et augmenter le prix des courses à l’unité? Au total, avec la création de nouveau abonnements de gens qui ne prennent pour l’instant que peu ou pas le bus, la somme totale encaissée par la billetterie ne devrait pas beaucoup baisser. Et l’encouragement au transfert modal sera important.
Non?
Bonjour Jean,
je vous remercie d’intervenir dans la discussion au sujet des tarifs des TPG. Heureux hasard, les TPG ont justement annoncé hier, hélas, une augmentation du prix du billet unique (actuellement à 3 francs), alors que les abonnements – notamment pour les jeunes – ne seraient pas touchés ou seraient très légèrement revus à la hausse. Je cite à ce propos la Tribune de Genève du jour (page 21): « Les TPG veulent ainsi privilégier les usagers réguliers ». Une manière de « travailler sur une fidélisation », comme vous le souhaitez dans votre message. Il s’agirait effectivement d’une solution susceptible de développer un transfert modal efficace. Très bonne journée à vous.